J'ai eu de la chance. Mes illustres professeurs Haïtiens étaient de bonnes gens. Malheureusement, le futur qu'ils préparaient n'a pas pu se concrétiser entièrement. Car, la plupart de leurs brebis sont tombés sans pousser un cri et jouir l'opportunité de prononcer un seul mot de révérence. Ce n'était pas par négligence ou ingratitude. Habituellement, sous la dictature, tous ceux qui devaient écrire se taisaient instinctivement.
Sous la dictature, les journaux du temps recevaient leurs chèques de subvention au Palais National pour service rendu...De ce lot, sortaient toute une série de feuillets d'encensements au chef suprême. Le National, par exemple, se déclarait "au Service de la Révolution". Messieurs, il n'y a pas de nation sans le peuple. Certains oiseaux rares pratiquaient l'indépendance au gré du vent...
Pour ma part, la lutte d'écrire sans contrainte continue, en dépit des appels du pied. Hier encore, j'évoquais le nom de Rémy Zamor, auteur, Historien (le vrai) et propriétaire d'une école qui portait son nom dans la capitale.
Je me souviens, tous les Samedis, on se bousculait, pour aller suivre son cours particulier d'histoire d'Haïti, magnétophone en main. Dans ces temps-là, comme élève, il fallait le faire, si on voulait se donner une probabilité raisonnable de réussite.
On se galvanisait, en quelque sorte, pour venir l'écouter (le verbe galvaniser était l'un de ses mots favoris). C'était de lui, nous avions appris à mieux établir la distinction entre un Mouvement et une Révolution.
Le professeur était corpulent et marchait avec difficulté. Son nom figurait parmi les descendants de l'ancien président d'Haiti, Oreste Zamor.
Pendant l'annèe scolaire 77-78, ses élèves faisaient le pélérinage dans une ècole tous les Samedis près du Champ-de-Mars. Assis au milieu d'une salle de classe emplie à craquer, Maitre Zamor avait l'auréole d'un roi carnavalesque. En somme, c'était du carnaval d'un autre genre. Car, là-aussi, on se bousculait pour apprendre l'histoire de notre pays.
Merci, maitre Zamor!
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