dimanche 10 mai 2015

Haiti: Rêves d'un paysan

Je me leve très tot
sous un ciel nuageux
au milieu d'une morne
sans abri, donc sans arbres.
La vie pour moi
n'est que misère
malgré cela, je vis.
Je vis une vie humiliante
mais, honnête.
Sans penser à l'argent
qui corrompt tout.
Sans penser à ma misere, car
Aujourd'hui c'est mon aniversaire
Je suis né ici,
mais, je ne sais d'ou je suis.
On me dit que je viens d'Afrique
d'autres me disent le contraire.
J'aime mon tanbour
c'est ce qui leur prouve vrai
mais d'ou vient mon français?
Je ne saurai rien de cette langue,
si ce n'était pas mon imbécile
de frère qui voulait jouer
à l'important.
En tout cas, mes amis
Aujourd'hui, j'irai ceuillir
des fleurs pour décorer
car cela fait 200 ans déja,
bien de gens voulaient ma mort,
des nations se rangaient,
contre-moi tour à tour,
même mes propres enfants
m'abandonnaient...
Je suis un vieux paysan
qui n'a plus de force
pour travailler, pour donner
à manger à tous ces gens
qui me méprisent du regard.
Alors, je meurs...
je meurs d'affection, et d'amour
Je meurs sous le silence
d'une nuit noire,
d'un forêt inexistant!
J'etouffe! Je me reprends...
Je tombe, et je me relève,
Je suis cette Isle
Qui s'enfonce sous le poids
de l'insouciance...
de l'indifference...et je cherche
cette ligne de sauvetage...
pour me parer
de mes beaux habits d'antan
je suis Haiti!

Veritas, publié en mars 2005