Le gouvernement français, après avoir demandé l'armistice, connait maintenant les conditions dictées par l'ennemi. Il résulte de ces conditions ; que les forces françaises de terre de mer et de l'air, seraient entièrement démobilisées ; que nos armes seraient livrées ; que le territoire français serait totalement occupé, et que le gouvernement français tomberait sous la dépendance de l'Allemagne et de l'Italie.
On peut donc dire, que cette armistice serait, non seulement une capitulation, mais encore un asservissement. Or, beaucoup de français n'acceptent pas la capitulation, ni la servitude, pour des raisons qui s'appellent : l'honneur, le bon sens, l'intérêt supérieur de la patrie.
Je dis l'honneur. Car la France s'est engagée à ne déposer les armes que d'accord avec ses alliés. Tant que ces alliés continuent la guerre, son gouvernement n'a pas le droit de se rendre à l'ennemi. Le gouvernement Polonais, le gouvernement Norvégien, le gouvernement Hollandais, le gouvernement Belge, le gouvernement Luxembourgeois, quoique chassés de leur territoire, ont compris ainsi leur devoir.
Je dis le bon sens. Car il est absurde de considérer la lutte comme perdue. Oui, nous avons subis une grande défaite. Un système militaire mauvais. Les fautes commises dans la conduite des opérations. L'esprit d'abandon du gouvernement pendant ces derniers combats nous ont fait perdre la Bataille de France. Mais, il nous reste un vaste empire, une plante intacte, beaucoup d'or.
Il nous reste des alliés dont les ressources sont immenses et qui dominent les mers. Il nous reste les gigantesques possibilités de l'industrie Américaine. Les mêmes conditions de la guerre qui nous ont fait battre par cinq mille avions et six mille chars peuvent nous donner demain la victoire par vingt mille chars et vingt mille avions.
Je dis l'intérêt supérieur de la patrie. Car cette guerre n'est pas une guerre franco-allemande qu'une bataille puisse décider.
Cette guerre est une guerre mondiale! Nul ne peut prévoir si les peuples qui sont neutres aujourd'hui le resteront demain. Mêmes les alliés de l'Allemagne resteront-ils toujours ses alliés ?
Si les forces de la liberté triomphent finalement de celle de la servitude quel serait le destin d'une France qui se serait soumise à l'ennemi ?
L'honneur, le bon sens, l'intérêt supérieur de la patrie commandent à tous les français libres de continuer le combat, là où ils seront, et comme ils pourront. Il est par conséquent nécessaire de grouper partout où cela se peut, une force française aussi grande que possible.
Tout ce qui peut être réunis, en fait d'élément militaire français et de capacité française de production d'armement doit être organisé partout où il y en a.
Moi, général de Gaule, j'entreprends ici, en Angleterre, cette tâche nationale. J'invite tous les militaires français des armées de terre, de mer et de l'air. J'invite les ingénieurs et les ouvriers français spécialistes de l'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient y parvenir, à se reunir à moi.
J'invite les chefs, les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises, de terre, de mer, de l'air, où qu'il se trouvent actuellement, à se mettre en rapport avec moi. J'invite tous les français qui veulent rester libre à m'écouter et à me suivre.
Vive la France ! Libre dans l'honneur et dans l'indépendance !
Général Charles de Gaulle
Transcription de Weiner Marthone
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