LORSQU'ON S'EN PREND A LA LIBERTE D'EXPRESSION D'UN INDIVIDU OU D'UN GROUPE DE GENS, C'EST UN ATTENTAT A LA LIBERTE D'EXPRESSION DE TOUT LE PEUPLE QU'ON S'EN PRENNE. L'ARBITRAIRE, SOUS TOUTES SES FORMES, NE DOIT EXISTER DANS UNE HAITI VRAIMENT DEMOCRATIQUE, INDEPENDANTE ET LIBRE.
vendredi 31 décembre 2021
Gén. de Gaulle - 31 décembre 1969...
Gén. de Gaulle - 31 décembre 1968...
Françaises, Français !
De tout mon cœur je souhaite une bonne année à la France. Par-là même, mes vœux vont à chacune et à chacun de vous, car quand la France est malheureuse, il n’y a pas de bonheur pour des Français dignes de ce nom. Mais quand la France réussit, tous ses enfants voient grandir leur chance. Oui tous, c’est-à-dire, ceux de notre métropole, ceux de nos départements et territoires d’Outre-mer, ceux qui vivent à l’étranger et enfin, cas très émouvant et qui nous est d’autant plus cher, ceux de la nation Française au Canada.
Nos meilleurs souhaits d’autre part à tous les peuples de la terre où la France d’à présent ne se connaît pas d’ennemi. Que sera 1968 ? L’avenir n’appartient pas aux hommes et je ne le prédis pas. Pourtant en considérant la façon dont les choses se présentent, c’est vraiment avec confiance que j’envisage pour les 12 prochains mois, l’existence de notre pays. Bien entendu tous les intérêts, toutes les tendances, tous les désirs ne seront pas comblés l’année prochaine. Il est sûr que nous subirons diverses épreuves, déceptions et lacunes. Je ne doute pas que de multiples griefs, regrets, et critiques auront de quoi s’alimenter.
Les vers de Verlaine, " mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, simple et tranquille" , peuvent évoquer une paisible demeure, non pas un grand peuple en marche. Je crois cependant qu’au total, à moins de grave secousse qui bouleverserait l’univers, notre situation continuera de progresser et que tout le monde y trouvera son compte.
Dans l’ordre politique, nos institutions seront appliquées, on ne voit donc pas comment nous pourrions être paralysés par des crises telles que celles qui nous ont jadis fait tant souffrir. Au contraire on peut espérer que l’ardeur du renouveau faisant son chemin et ces promoteurs, surtout les jeunes faisant leur œuvre, notre république trouvera des concours de plus en plus actifs et étendus.
De toute façon, au milieu de tant de peuples secoués par tant de saccades, le nôtre continuera de donner l’exemple de l’efficacité dans la conduite de ses affaires. Dans le domaine économique et social, si l’immense transformation qu’accomplit la nation Française doit comporter forcément pour elle de janvier jusqu’à décembre des efforts et des difficultés, c’est tout de même avec espoir qu’en son nom, je salue l’année 1968.
Il semble bien en effet que notre industrie, notre agriculture, notre commerce, nos activités de pointe, réaliseront l’avance qui est visée par les réformes, les lois et les crédits que leur consacre actuellement l’État.
L’année 1968, je la salue avec sérénité, parce qu’on peut croire que la suppression prochaine des barrières douanières à l’intérieur du Marché Commun et le surcroît de concurrence qui en sera la conséquence, n’empêcheront chez nous, bien au contraire, l’expansion d’augmenter encore le niveau de vie de s’élever davantage.
Les conditions de l’emploi de devenir meilleures, compte tenu des mesures qui sont prises et de celles qui au besoin le seront à cet égard, l’année 1968, je la salue avec satisfaction parce que grâce à l’intéressement du personnel au bénéfice d’un grand nombre d’industries, elle va marquer une importante étape vers un ordre social nouveau.
Je veux dire, vers la participation directe des travailleurs au résultat, au capital et aux responsabilités de nos entreprises Françaises.
Quant à notre action à l’extérieur, nous allons la poursuivre sur la base de notre indépendance, désormais recouvrée, après une éclipse qui durait depuis plusieurs générations. Cette action vise à atteindre des buts liés entre eux et qui parce qu’ils sont Français, répondent à l’intérêt des hommes lesquels, un but de la France, c’est l’union de l’Europe toute entière, par la pratique entre son occident, son centre et son orient, de la détente, de l’entente et de la coopération, où nous-mêmes, nous sommes franchement engagés.
Par l’affermissement du Marché Commun, pourvu qu’il tende à l’affranchissement et non pas à la subordination de l’Ouest de notre continent. Un jour peut-être par l’élargissement de cette communauté, dès lors que les candidats se seraient mis politiquement, économiquement, monétairement en mesure d’y entrer sans la détruire ni la dévoyer.
Un autre but de la France, c’est le progrès des peuples en voie de développement, progrès qu’on doit faciliter en aidant à leur avance économique et culturelle, en stabilisant les prix mondiaux de leurs matières premières, en favorisant l’accès sur les marchés de ce que fabrique leur jeune industrie et là où il le faut, en leur fournissant les vivres pour les populations affamées.
Mais le but primordial de la France c’est la paix, la paix que tout en nous assurant les meilleurs moyens possibles de dissuasion et de défense, nous voulons maintenir pour nous-mêmes, comme nous le faisons intégralement depuis tantôt six années mais qu’aussi nous entendons voir rétablir là où elle a été brisée. Il s’agit naturellement avant tout, du Vietnam et du Moyen-Orient.
Dans un cas comme dans l’autre, tout démontre à quel point étaient justifiés les avertissements que le bon sens et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, nous a fait donner à deux États à qui nous voulons que du bien.
Tout prouve maintenant que pour trouver une issue à ces guerres, il n’y a pas d’autre voie que celle que nous proposons. Tout indique que de ce fait, nous serons un jour en situation de contribuer au mieux, aux solutions internationales.
Françaises, Français, voilà le cadre humain, actif et pacifique que 1968 paraît offrir à la Nation. Ce cadre-là, vous toutes, vous tous et moi aussi, puissions-nous le remplir de telle façon que l’année soit bonne et qu’elle fasse honneur à la France.
Vive la République ! Vive la France !
Transcription de Weiner Marthone
Source : INA.fr
Meilleure Année 2022 !...
L'année 2021 s'achève. Elle sera dans notre mémoire l'une des plus tumultueuses de tous les temps. Toutefois, nous souhaitons que le nouvel an soit meilleur pour tous, sous toutes les latitudes.
Notre premier souhait, il y va pour une santé meilleure, sans laquelle, nous ne pourrons pas nous exprimer correctement. C’est une guerre qui ne se gagne qu'à petites escarmouches jusqu'à la fin.
Aider une personne qui nous est étranger.
Combattre le surpoids par des exercices, au moins 20 minutes de marche par jour. Le sportif en nous tend à nous ramener aux temps de notre jeunesse. C'est un piège qu'il faut éviter par tous les moyens.
Manger à notre faim, en évitant les abus et la grossièreté dans ce domaine. Les graisses et le sucre sont désormais des ingrédients à utiliser par compte-gouttes, sinon, à supprimer entièrement.
Consommer de l'alcool avec modération, préférablement cesser d'en abuser. L'alcool ne doit pas dominer l'homme. Nous devons travailler pour changer de perspective.
Un souhait pour eMagazine, c'est de nous exprimer avec franchise et sans ambiguïté. Quel que soit la langue employée, nous essayerons de communiquer sans utiliser des jargons, des tours de phrases pour ne pas égarer les gens et sans perte de temps. Nous souhaitons produire deux livres audios et réaliser deux documentaires en 2022.
For inquiries, write us at veritas_tum@yahoo.com
Bonne année 2022 !
mercredi 29 décembre 2021
lundi 27 décembre 2021
L'Archevêque Desmond Tutu n’est plus…
Desmond Mpilo Tutu, âgé de 90-ans, figure emblématique de la lutte contre le système Apartheid de l'Afrique du Sud, est mort hier, le 26 décembre 2021. Ces derniers temps, lorsqu'on regarde l'image d'une personne en première page, c'est, à coup sûr, un mauvais présage...
L'Archevêque de Cape Town qu'on connait, jovial, qui accueille les gens avec tant d'enthousiasme et un sourire infectieux, n'est plus.
En 1984 et 2007, l’Archevêque Desmond Tutu avait obtenu les Prix de la Paix Nobel et Gandhi, respectivement.
R.I.P
Nan Tan Lontan: Cité de l'Exposition...
Gran moun te konn pale nou de Site d Ekspozisyon nan vil Pòtoprens. Se nan lane 1950 gwo tonton konstriksyon sayo tefèt an Ayiti.
Foto wap gade la-a, a dwat la, montre kouman waf Pòtoprens lan te ye anvan gwo travay enfrastrikti sila...
Nan menm epòk la, konstriksyon tapfèt sou bòdmè nan vil Okap tou pou preparasyon 150 tyèm anivèsè endepandans peyi d Ayiti.
Ayisyen nan epòk sa-a tegen bonjan anbisyon, yo tegen anpil prestij pou montre lemond ke yo kapab travay ansanm pou ranje eskanp figu peyi a.
Tankou tout bagay Ayisyen, pwoblèm yo te kòmanse setan apre. Move Ayisyen yo tap gwonde, fè wòklò, nan fè grèv etidyan, fabrike, eklate bonm pou met presyon, ranvèse gouvènman, sou pretèk yo pwal mete demokrasi nan peyi-a nan eleksyon 22 septanm 1957.
Safè pliske 70 zan depi yon gwo pwojè konstriksyon konsa te reyalize nan peyi d Ayiti. Nou remake ke shak fwa gen gwo pwojè kapfèt, toujou gen yon sektè swa an Ayiti oubyen a letranje kap anpeshe travay sayo kontinye...
Source et photos : Haiti Sun
Veritas
dimanche 26 décembre 2021
Priyè dimansh 26 desanm 2021
Kèlke swa kote w ye nan lemond, nou envite-ou repete priyè pou remèsye bondye pou gwo mirak misyonè yo ki libere an Ayiti. Nou pa bliye gen anpil lòt moun ki sekestre toujou ke nap kontinye leve nan lapriyè. Nap mande granmèt la pou l shanje kè tout move Ayisyen sayo kap kontinye komèt vye zak, ekstòsyon, vòl, vyòl, sekestrasyon, zak malonèt... Letènèl, nan mande pou shanje kè Ayisyen malfektè yo, fè yo repanti, shèshe lót mwayen respektab pou yo sa viv.
Letènèl nou vinn devanw maten an pou nou remesye-ou pou mirak sa ou fè pou nou. Ou bay pèp ou lavi. Nap rejwi dèske ou te pwoteje n moun ki anba sekestrasyon pandan tout semèn ki sot pase a. Malgre lemond te nan boulvès ou te pwoteje yo anba zèl ou.
Nou remesye ou, dèske ou mete n yon kote ki pezib. Ou te retire n du milieu d'eux. Ou te fènn soti nan mitan gwo lanmè ak tanpèt. Ou kraze miray jeriko pou nou, fann lanmè wouj an-de pou pèp ou sa pase. Letenèl ou se yon dye ki konn fè mirak.
Letènèl, jodi a nou pa vinn mande-ou favè, pa pou tèt pa-nou. Ou konnen tout pwoblèm yo deja. Maten an nou vinn leve tout rès pitit ou yo ki nan men Wa Faraon. Nou priye swasann disèt fwa, sèt fwa pou Wa Faraon lage tout yo bay fanmi yo san bwi san kont.
Letènèl ou retire nou man mitan yo, men satan se yon bèt ki odasye, yon visye ki san konsyans, yon malonèt ki ranplase nou. Letènèl, di yon mo sèlman pou ranvèse sitiyasyon ensekirite moun ap viv nan peyi d Ayiti.
Letènèl, se avèk anpil imilite nou vinn mande-ou la delivrans alawonnbadè. Nou remesye-ou davans, e nou kwè priyè n va ekzose.
Amèn
vendredi 24 décembre 2021
Bilan Ane 2021...
jeudi 23 décembre 2021
mercredi 22 décembre 2021
Clique, Cliquetis, Clique !...
Use your PHONE to SCAN can your Request.
mardi 21 décembre 2021
Haïti : De la Loterie Nationale...
Historiquement parlant...
En 1942, le président Lescot transféra les actions de ladite Société Anonyme à l'Etat Haïtien. Dès lors, la Loterie a été mise sous contrôle du gouvernement Haïtien.
Voici les noms des membres fondateurs de la Loterie Nationale :
Mr. Edouard Estève
Raphael Brouard
Lyncie Denis
Louis Malval
Moncey Gourgue
Parmi les directeurs et assistant-directeurs figurent :
Mentor Laurent
E. Elie
O. Najac
Source: Haiti Sun
Traduction en langue française de Weiner Marthone
dimanche 19 décembre 2021
Priyè dimansh 19 desanm 2021...
Kèlke swa kote w ye nan lemond, nou envite-ou repete priyè pou remèsye bondye pou gwo mirak misyonè yo ki libere an Ayiti. Nou pa bliye gen anpil lòt moun ki sekestre toujou ke nap kontinye leve nan lapriyè. Nap mande granmèt la pou l shanje kè tout move Ayisyen sayo kap komèt vye zak, ekstosyon, vol, sekestrasyon, zak malonèt... Letènèl, nan mande pou shanje kè Ayisyen malfektè yo, fè yo repanti, shèshe lót mwayen respektab pou yo sa viv.
Letènèl nou vinn devanw maten an pou nou remesye-ou pou mirak sa ou fè pou nou. Ou bay pèp ou lavi. Nap rejwi dèske ou te pwoteje n moun ki anba sekestrasyon pandan tout semèn ki sot pase a. Malgre lemond te nan boulvès ou te pwoteje yo anba zèl ou.
Nou remesye ou, dèske ou mete n yon kote ki pezib. Ou te retire n du milieu d'eux. Ou te fènn soti nan mitan gwo lanmè ak tanpèt. Ou kraze miray jeriko pou nou, fann lanmè wouj an-de pou pèp ou sa pase. Letenèl ou se yon dye ki konn fè mirak.
Letènèl, jodi a nou pa vinn mande-ou favè, pa pou tèt pa-nou. Ou konnen tout pwoblèm yo deja. Maten an nou vinn leve tout rès pitit ou yo ki nan men Wa Faraon. Nou priye swasann disèt fwa, sèt fwa pou Wa Faraon lage tout yo bay fanmi yo san bwi san kont.
Letènèl ou retire nou man mitan yo, men satan se yon bèt ki odasye, yon visye ki san konsyans, yon malonèt ki ranplase nou. Letènèl, di yon mo sèlman pou ranvèse sitiyasyon ensekirite moun ap viv nan peyi d Ayiti.
Letènèl, se avèk anpil imilite nou vinn mande-ou la delivrans alawonnbadè. Nou remesye-ou davans, e nou kwè priyè n va ekzose.
Amèn
vendredi 17 décembre 2021
Clique, Cliquetis, Clique !...
Use your PHONE to SCAN can your Request.
mercredi 15 décembre 2021
mardi 14 décembre 2021
Personnalité de l'Année 2021...
Le temps passe très vite, hélas, à vol d'oiseau ! Et, nous sommes arrivés, chevauchant impassiblement, vers la fin d'une année terrible sur tous les points de vue.
Choisir la personnalité de l'année 2021 a été, sans conteste, une charge lourde. Il nous a fallu faire un triage et discriminer objectivement de toute une marée de personnages et trouver l'événement unique, essentiel qui fera jaillir notre spotlight sur cette personne...
En considération cette année, un lot d'interviews par quelques personnalités démontrant un certain dépassement de soi ; d'autres ont commis des actes héroïque qui vont effectivement mettre à terme leur carrière politique. Les candidats choisis viennent de tous les camps. Nous ne les nommerons pas explicitement. Toutefois, nous admettons que nous chosirons un parmi ces hommes et femmes en dépit de leur appartenance politique...
On ne saurait nier que l'assassinat de Jovenel Moïse a été l'événement déclencheur le plus troublant qui avait fait couler beaucoup d'encre et de sang dans notre société.
La réalité haïtienne, quoique dure à absorber, avait malheureusement servi à nous avilir, en nous abaissant, par degrés, aux yeux du monde. Cet acte, désormais, une honte nationale, continuera, par déni de justice et d'un silence coupable, d'exhiber au reste du monde, tous les défauts du caractère haïtien.
Au milieu de ce brouhaha, une femme, Martine Moïse, est touchée par balles dans la nuit du 6 au 7 juillet dernier et laissée pour morte. Ce n'était pas du Shakespeare, ni du Macbeth, mais les mauvais sujets, nos boutefeux, jouaient le jeu dangereux du coup-d' Etat.
Plus tard, comme Lazare, Martine Moïse, avec l'aide du tout-puissant et d'un héros national, a été évacuée...Tout homme de droiture doit, nécessairement, son épanouissement à une femme courageuse. (Tel a été le cas de ce couple présidentiel haïtien)
Quelle femme ! Quel courage !
Tous les faits cités plus haut ont été vivement délibérés dans notre choix de la personnalité de l'année 2021 : Martine Moïse, ancienne première dame de la république d'Haïti.
Veritas
lundi 13 décembre 2021
Algérie : Coup-d'Etat Militaire...
Un pouvoir insurrectionnel s'est établi en Algérie par un prononciamento militaire. Les coupables de l'usurpation ont exploité la passion des cadres de certaines unités spéciales, l'adhésion enflammée, d'une partie de la population de souche européenne, égarée de craintes, de mythes, l'impuissance des responsables, submergés par la conjuration militaire.
Ce pouvoir a une apparence. Un quarteron de généraux en retraite. Il a une réalité. Un groupe d'officiers partisans, ambitieux et fanatiques. Ce groupe et de quarteron possède un savoir-faire limité et expéditif. Mais, il ne voit et ne connaisse la nation et le monde que déformés au travers de leur frénésie.
Leur entreprise ne peut conduire qu'à un désastre national. Car l'immense effort de redressement que la France a entammée depuis le fond de l'abime, le 18 juin 1940, menée de suite, en dépit de tout, jusqu'à ce que la victoire fut remportée, l'indépendance assurée, la république restaurée.
Repris depuis trois-ans, afin de refaire l'Etat, de maintenir l'unité nationale, de reconstituer notre puissance, de rétablir notre rang au dehors, de poursuivre notre oeuvre outre-mer, à travers une nécessaire décolonisation.
Tout cela risque d'être rendu vain à la veille même de la réussite par l'odieuse et stupide aventure d'Algérie.
Voici que l'Etat est bafoué, la nation bravée, notre puissance dégradée, notre prestige international abaissé, notre rôle et notre place en Afrique compromis.
Et par qui ? Hélas ! Hélas ! Hélas ! par des hommes dont c'était le devoir d'honneur, la raison d'être de servir et d'obéir...
Au nom de la France, j'ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens soient employés partout pour barrer la route à ces hommes-là en attendant de les réduire. J'interdis à tout français et d'abord à tout soldat, d'exécuter aucun de leurs ordres.
L'argument suivant lequel il pourrait être localement nécessaire d'accepter leur commandement, sous prétexte d'obligation opérationnelle ou administrative, ne saurait tromper personne.
Les chefs civils et militaires qui ont le droit d'assumer les responsabilités seront ceux qui ont été nommé régulièrement pour cela et que précisément les insurgés empêchent de le faire.
L'avenir des usurpateurs ne doit-être que celui que leur destine la rigueur des lois. Devant le malheur qui plane sur la patrie et devant la menace qui pèse sur la république, ayant pris l'avis officiel du Conseil Constitutionnel, du Premier Ministre, du président du Sénat, du président de l'Assemblée Nationale, j'ai décidé de mettre en oeuvre l'article 16 de notre Constitution.
A partir d'aujourd'hui, je prendrai, aux besoins directement, des mesures qui me paraitront exigées par les circonstances. Par là même, je m'affirme en la légitimité française et républicaine qui m'a été conférée par la nation que je maintiendrais quoiqu'il arrive, jusqu'au terme de mon mandat, ou jusqu'à ce que vienne à me manquer, soit les forces, soit la vie, et que je prendrais les moyens de faire en sorte qu'elle demeure après moi.
Françaises, français,
Voyez ou risque d'aller la France par rapport à ce qu'elle est en train de redevenir
Françaises, français,
Aidez-moi !
Président Charles de Gaulle
Transcription de Weiner Marthone
Allocution du Prés. de Gaulle...
Françaises, français,
Vous à qui si souvent j'ai parlé pour la France, sachez que votre réponse dimanche va engager son destin. Parce que, d'abord, il s'agit d'apporter à la structure de notre pays un changement très considérable.
C'est beaucoup, de faire renaitre nos anciennes provinces, aménagées à la moderne, sous la forme de régions. De leur donner les moyens nécessaires, pour que chacune règle ses propres affaires, tout en jouant son rôle à elle dans notre ensemble national, d'en faire des centres où l'initiative, l'activité, la vie, s'épanouit sur place.
C'est beaucoup de réunir le Sénat et le Conseil Economique et Social en une seule assemblée, délibérant par priorité et publiquement de tous les projets de loi, au lieu d'être, chacun de son côté, réduit à des interventions obscures et accessoires.
C'est beaucoup d'associer la représentation des activités productrices et les forces vives de notre peuple à toutes les mesures locales et législatives, concernant son existence et son développement.
Votre réponse va engager le destin de la France. Parce que la réforme fait partie intégrante de la participation qu'existe désormais de l'équilibre de la société moderne.
La refuser c'est s'opposer à cette transformation sociale, morale, humaine. Faute de laquelle nous irons à de désastreuses secousses. L'adopter, c'est faire un pas décisif sur le chemin qui doit nous mener au progrès dans l'ordre et dans la concorde en modifiant profondément nos rapports entre français.
Votre réponse va engager le destin de la France. Parce que si je suis désavoué par une majorité d'entre vous, solennellement sur ce sujet capital et quel que puisse être le nombre, l'ardeur de l'harnais de ceux qui me soutiennent et qui de toute façon détiennent l'avenir de la patrie. Ma tache actuelle de chef de l'Etat deviendra évidemment impossible et je cesserais aussitôt d'exercer mes fonctions...
Alors, comment sera maitrisé la situation résultant de la victoire négative ? De toutes ces diverses disparatres et discordantes oppositions, avec l'inévitable retour au jeu des ambitions, illusions, combinaisons et trahisons dans l'ébranlement national que provoquera une pareille rupture ?
Au contraire, si je reçois la preuve de votre confiance. Je poursuivrais mon mandat. J'acheverais, grace à vous, par la création des régions et la rénovation du Sénat, l'oeuvre entreprise, il y a dix années, pour doter notre pays, d'institutions démocratiques adaptées au peuple que nous sommes, dans le monde où nous nous trouvons, et à l'époque où nous vivons.
Après la confusion, les troubles et les malheurs que nous avions traversé depuis des générations, je continuerai avec votre appui, de faire en sorte, quoiqu'il arrive, que le progrès soit développé, l'ordre assuré, la monnaie défendue, l'indépendance maintenue, la paix sauvegardée, la France respectée.
Enfin, une fois venu le terme régulier, sans déchirement et sans bouleversement, tournant la dernière page du chapitre que voici quelque trente-ans, j'ai ouvert dans notre histoire, je transmetterais ma charge officielle à celui que vous aurez élu pour l'assumer après moi.
Françaises, français,
Dans ce qu'il va advenir de la France, jamais la décision de chacune et de chacun de vous n'aura pesé aussi lourd.
Vive la république ! Vive la France !
Allocution du président de Gaulle, le 24 avril 1969.
Transcription de Weiner Marthone
dimanche 12 décembre 2021
Herencia de mi padrito...
Priyè dimansh 12 desanm 2021...
Kèlke swa kote w ye nan lemond, nou envite-ou repete priyè sa-a ki pou 12 misyonè yo ak tout lòt moun yo kontinye ap sekestre toujou an Ayiti.
Letènèl nou vinn devanw maten an pou nou remesye-ou pou tout sa ou fè pou nou. Ou ba-nou la vi. Nap rejwi dèske ou te pwoteje n pandan tout semèn ki sot pase a. Malgre lemond te nan boulvès ou te pwoteje n anba zèl ou.
Nou remesye ou, dèske ou mete n yon kote ki pezib. Ou te retire n du milieu d'eux. Ou te fènn soti nan mitan gwo lanmè ak tanpèt. Ou kraze miray jeriko pou nou, fann lanmè wouj an-de pou pèp ou sa pase. Letenèl ou se yon dye ki konn fè mirak.
Letènèl, jodi a nou pa vinn mande-ou favè, pa pou tèt pa-nou. Ou konnen tout pwoblèm yo deja. Maten an nou vinn leve 12 pitit ou yo ki nan men Wa Faraon. Nou priye swasann disèt fwa, sèt fwa pou Wa Faraon lage yo san bwi san kont.
Letènèl ou retire nou man mitan yo, men se satan, yon bèt ki odasye, yon visye san konsyans, yon malonèt ki ranplase nou. Letènèl, di yon mo sèlman pou ranvèse sitiyasyon ensekirite moun ap viv nan peyi d Ayiti.
Letènèl, se avèk anpil imilite nou vinn mande-ou la delivrans alawonnbadè. Nou remesye-ou davans, e nou kwè priyè n va ekzose.
Amèn
jeudi 9 décembre 2021
Gén. de Gaulle : Discours du 24 mai 1968...
Tout le monde comprend évidemment quelle est la portée des actuels événements universitaires, puis sociaux. On y voit tous les signes qui démontrent la nécessité d'une mutation de notre société. Mutation qui doit comporter la participation plus effective de chacun à la marche et au résultat de l'activité qui le concerne directement.
Certes, dans la situation bouleversée d'aujourd'hui, le premier devoir de l'Etat c'est d'assurer, en dépit de tout, la vie élémentaire du pays ainsi que l'ordre public. Il le fait, c'est aussi d'aider à la remise en marche, en prenant les contacts qui pourraient la faciliter. Il y est prêt.
Voilà pour l'immédiat, mais ensuite, il y a sans nul doute, des structures à modifier. Autrement dit, il y a à réformer. Car dans l'immense transformation politique, économique, sociale que la France accomplit en notre temps, si beaucoup d'obstacles intérieur et extérieur ont déjà été franchis.
D'autres s'opposent encore au progrès. De là, des troubles profonds avant tout dans la jeunesse qui est soucieuse de son propre rôle et que l'avenir inquiète trop souvent.
C'est pourquoi, la crise de l'université, crise provoquée par l'impuissance de ce grand corps à s'adapter aux nécessités moderne de la nation. Ainsi,qu'au rôle et à l'emploi des jeunes, a déclenché dans beaucoup d'autres milieux une marée de désordre, d'abandon ou d'arrêt du travail.
Il en rêsulte que notre pays est au bord de la paralysie, devant nous-mêmes et devant le monde. Nous français, devons régler un problème essentiel que nous pose notre époque. A moins que nous nous roulions à travers la guerre civile... Aux aventures et aux usurpations les plus odieuses et les plus ruineuses.
Depuis bientôt trente-ans, les événements m'ont imposé en plusieurs graves occasions le devoir d'amener notre pays à assumer son propre destin afin d'empêcher que certains ne s'en chargent malgré lui. J'y suis prêt ! Cette fois encore ! Mais, cette fois encore, cette fois surtout, j'ai besoin, oui, j'ai besoin que le peuple français dise qu'il le veut.
Or, notre Constitution prévoit justement par quelle voie il peut le faire. C'est la voie la plus directe et la plus démocratique possible, celle du référendum.
Compte tenue de la situation tout à fait exceptionnelle où nous sommes et sur la proposition du gouvernement. J'ai décidé de soumettre au suffrage de la nation, un projet de loi par lequel je lui demande de donner à l'Etat et d'abord à son chef, un mandat pour la rénovation.
Reconstruire l'université en fonction, non pas, de ses habitudes séculaires. Mais des besoins réelles de l'évolution du pays et des débouchés effectifs de la jeunesse étudiante dans la société moderne.
Adapter notre économie, non pas, aux catégories diverses, des intérêts, des intérêts particuliers. Mais, aux nécessités nationales et internationales en améliorant les conditions de vie et de travail du personnel de service public et des entreprises, en organisant sa participation aux responsabilités professionnelles.
En étendant la formation des jeunes, en assurant leur emploi en mettant en œuvre les activités industrielles et agricoles dans le cadre de nos régions...
Tel est le but que la nation doit se fixer à elle-même.
Françaises, français,
Au mois de juin vous vous prononcerez par un vote ! Au cas où votre réponse serait NON. Il va de soi que je n'assumerais pas plus longtemps ma fonction. Si par un OUI massif, vous m'exprimez votre confiance, j'entreprendrai avec les pouvoirs publics, et je l'espère, le concours de tous ceux qui veulent l'intérêt commun, de faire changer partout où il le faut, des structures étroites et périmées, et ouvrir plus largement la route au sens nouveau de la France !
Vive la république ! Vive la France !
Général de Gaulle
Transcription de Weiner Marthone
mercredi 8 décembre 2021
Gén. de Gaulle : Un Monument Historique...
1960: Istwa 19 Etidyan...
mardi 7 décembre 2021
Remembering Senator Bob Dole...
Bob Dole, the majority leader, tried to sway public opinion with zingers like "There's no evidence linking the Republican party, the Committee to re-elect or anyone else, the White House or anyone in the White House for the so-called Watergate..." , July 16, 1972.
Senator Bob Dole was a World War II veteran officer. He was wounded on the battle field in Italy. He was a career politician, often referred to as the "Senator from Kansas". Senator Bob Dole was the recipient of a Purple Heart and the Presidential Medal of Freedom. R.I.P
J'accuse : Performance indigène...
Lettre à M. Félix Faure,
Président de la République
Monsieur le Président,
Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m’avez fait un jour, d’avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu’ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ? Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, vous avez conquis les coeurs. Vous apparaissez rayonnant dans l’apothéose de cette fête patriotique que l’alliance russe a été pour la France, et vous vous préparez à présider au solennel triomphe de notre Exposition Universelle, qui couronnera notre grand siècle de travail, de vérité et de liberté. Mais quelle tache de boue sur votre nom - j’allais dire sur votre règne - que cette abominable affaire Dreyfus ! Un conseil de guerre vient, par ordre, d’oser acquitter un Esterhazy, soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. Et c’est fini, la France a sur la joue cette souillure, l’histoire écrira que c’est sous votre présidence qu’un tel crime social a pu être commis. Puisqu’ils ont osé, j’oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l’innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu’il n’a pas commis. Et c’est à vous, monsieur le Président, que je la crierai, cette vérité, de toute la force de ma révolte d’honnête homme. Pour votre honneur, je suis convaincu que vous l’ignorez. Et à qui donc dénoncerai-je la tourbe malfaisante des vrais coupables, si ce n’est à vous, le premier magistrat du pays ?
La vérité d’abord sur le procès et sur la condamnation de Dreyfus. Un homme néfaste a tout mené, a tout fait, c’est le lieutenant-colonel du Paty de Clam, alors simple commandant. Il est l’affaire Dreyfus tout entière; on ne la connaîtra que lorsqu’une enquête loyale aura établi nettement ses actes et ses responsabilités. Il apparaît comme l’esprit le plus fumeux, le plus compliqué, hanté d’intrigues romanesques, se complaisant aux moyens des romans-feuilletons, les papiers volés, les lettres anonymes, les rendez-vous dans les endroits déserts, les femmes mystérieuses qui colportent, de nuit, des preuves accablantes. C’est lui qui imagina de dicter le bordereau à Dreyfus; c’est lui qui rêva de l’étudier dans une pièce entièrement revêtue de glaces; c’est lui que le commandant Forzinetti nous représente armé d’une lanterne sourde, voulant se faire introduire près de l’accusé endormi, pour projeter sur son visage un brusque flot de lumière et surprendre ainsi son crime, dans l’émoi du réveil. Et je n’ai pas à tout dire, qu’on cherche, on trouvera.
Je déclare simplement que le commandant du Paty de Clam, chargé d’instruire l’affaire Dreyfus, comme officier judiciaire, est, dans l’ordre des dates et des responsabilités, le premier coupable de l’effroyable erreur judiciaire qui a été commise. Le bordereau était depuis quelque temps déjà entre les mains du colonel Sandherr, directeur du bureau des renseignements, mort depuis de paralysie générale. Des «fuites» avaient lieu, des papiers disparaissaient, comme il en disparaît aujourd’hui encore; et l’auteur du bordereau était recherché, lorsqu’un a priori se fit peu à peu que cet auteur ne pouvait être qu’un officier de l’état-major, et un officier d’artillerie: double erreur manifeste, qui montre avec quel esprit superficiel on avait étudié ce bordereau, car un examen raisonné démontre qu’il ne pouvait s’agir que d’un officier de troupe. On cherchait donc dans la maison, on examinait les écritures, c’était comme une affaire de famille, un traître à surprendre dans les bureaux mêmes, pour l’en expulser. Et, sans que je veuille refaire ici une histoire connue en partie, le commandant du Paty de Clam entre en scène, dès qu’un premier soupçon tombe sur Dreyfus.
A partir de ce moment, c’est lui qui a inventé Dreyfus, l’affaire devient son affaire, il se fait fort de confondre le traître, de l’amener à des aveux complets. Il y a bien le ministre de la Guerre, le général Mercier, dont l’intelligence semble médiocre ; il y a bien le chef de l’état-major, le général de Boisdeffre, qui paraît avoir cédé à sa passion cléricale, et le sous-chef de l’état-major, le général Gonse, dont la conscience a pu s’accommoder de beaucoup de choses. Mais, au fond, il n’y a d’abord que le commandant du Paty de Clam, qui les mène tous, qui les hypnotise, car il s’occupe aussi de spiritisme, d’occultisme, il converse avec les esprits. On ne saurait concevoir les expériences auxquelles il a soumis le malheureux Dreyfus, les pièges dans lesquels il a voulu le faire tomber, les enquêtes folles, les imaginations monstrueuses, toute une démence torturante. Ah ! cette première affaire, elle est un cauchemar, pour qui la connaît dans ses détails vrais !
Le commandant du Paty de Clam arrête Dreyfus, le met au secret. Il court chez madame Dreyfus, la terrorise, lui dit que, si elle parle, son mari est perdu. Pendant ce temps, le malheureux s’arrachait la chair, hurlait son innocence. Et l’instruction a été faite ainsi, comme dans une chronique du XVe siècle, au milieu du mystère, avec une complication d’expédients farouches, tout cela basé sur une seule charge enfantine, ce bordereau imbécile, qui n’était pas seulement une trahison vulgaire, qui était aussi la plus impudente des escroqueries, car les fameux secrets livrés se trouvaient presque tous sans valeur. Si j’insiste, c’est que l’oeuf est ici, d’où va sortir plus tard le vrai crime, l’épouvantable déni de justice dont la France est malade. Je voudrais faire toucher du doigt comment l’erreur judiciaire a pu être possible, comment elle est née des machinations du commandant du Paty de Clam, comment le général Mercier, les généraux de Boisdeffre et Gonse ont pu s’y laisser prendre, engager peu à peu leur responsabilité dans cette erreur, qu’ils ont cru devoir, plus tard, imposer comme la vérité sainte, une vérité qui ne se discute même pas.
Au début, il n’y a donc, de leur part, que de l’incurie et de l’inintelligence. Tout au plus, les sent-on céder aux passions religieuses du milieu et aux préjugés de l’esprit de corps. Ils ont laissé faire la sottise. Mais voici Dreyfus devant le conseil de guerre. Le huis clos le plus absolu est exigé. Un traître aurait ouvert la frontière à l’ennemi pour conduire l’empereur allemand jusqu’à Notre-Dame, qu’on ne prendrait pas des mesures de silence et de mystère plus étroites. La nation est frappée de stupeur, on chuchote des faits terribles, de ces trahisons monstrueuses qui indignent l’Histoire ; et naturellement la nation s’incline. Il n’y a pas de châtiment assez sévère, elle applaudira à la dégradation publique, elle voudra que le coupable reste sur son rocher d’infamie, dévoré par le remords. Est-ce donc vrai, les choses indicibles, les choses dangereuses, capables de mettre l’Europe en flammes, qu’on a dû enterrer soigneusement derrière ce huis clos? Non! il n’y a eu, derrière, que les imaginations romanesques et démentes du commandant du Paty de Clam.
Tout cela n’a été fait que pour cacher le plus saugrenu des romans-feuilletons. Et il suffit, pour s’en assurer, d’étudier attentivement l’acte d’accusation, lu devant le conseil de guerre. Ah! le néant de cet acte d’accusation ! Qu’un homme ait pu être condamné sur cet acte, c’est un prodige d’iniquité. Je défie les honnêtes gens de le lire, sans que leur coeurs bondisse d’indignation et crie leur révolte, en pensant à l’expiation démesurée, là-bas, à l’île du Diable. Dreyfus sait plusieurs langues, crime ; on n’a trouvé chez lui aucun papier compromettant, crime ; il va parfois dans son pays d’origine, crime ; il est laborieux, il a le souci de tout savoir, crime ; il ne se trouble pas, crime ; il se trouble, crime. Et les naïvetés de rédaction, les formelles assertions dans le vide! On nous avait parlé de quatorze chefs d’accusation : nous n’en trouvons qu’une seule en fin de compte, celle du bordereau ; et nous apprenons même que les experts n’étaient pas d’accord, qu’un d’eux, M. Gobert, a été bousculé militairement, parce qu’il se permettait de ne pas conclure dans le sens désiré.
On parlait aussi de vingt-trois officiers qui étaient venus accabler Dreyfus de leurs témoignages. Nous ignorons encore leurs interrogatoires, mais il est certain que tous ne l’avaient pas chargé ; et il est à remarquer, en outre, que tous appartenaient aux bureaux de la guerre. C’est un procès de famille, on est là entre soi, et il faut s’en souvenir : l’état-major a voulu le procès, l’a jugé, et il vient de le juger une seconde fois. Donc, il ne restait que le bordereau, sur lequel les experts ne s’étaient pas entendus. On raconte que, dans la chambre du conseil, les juges allaient naturellement acquitter. Et, dès lors, comme l’on comprend l’obstination désespérée avec laquelle, pour justifier la condamnation, on affirme aujourd’hui l’existence d’une pièce secrète, accablante, la pièce qu’on ne peut montrer, qui légitime tout, devant laquelle nous devons nous incliner, le bon Dieu invisible et inconnaissable ! Je la nie, cette pièce, je la nie de toute ma puissance ! Une pièce ridicule, oui, peut-être la pièce où il est question de petites femmes, et où il est parlé d’un certain D... qui devient trop exigeant : quelque mari sans doute trouvant qu’on ne lui payait pas sa femme assez cher.
Mais une pièce intéressant la défense nationale, qu’on ne saurait produire sans que la guerre fût déclarée demain, non, non ! C’est un mensonge ! et cela est d’autant plus odieux et cynique qu’ils mentent impunément sans qu’on puisse les en convaincre. Ils ameutent la France, ils se cachent derrière sa légitime émotion, ils ferment les bouches en troublant les cœurs, en pervertissant les esprits. Je ne connais pas de plus grand crime civique. Voilà donc, monsieur le Président, les faits qui expliquent comment une erreur judiciaire a pu être commise ; et les preuves morales, la situation de fortune de Dreyfus, l’absence de motifs, son continuel cri d’innocence, achèvent de le montrer comme une victime des extraordinaires imaginations du commandant du Paty de Clam, du milieu clérical où il se trouvait, de la chasse aux « sales juifs », qui déshonore notre époque.
Et nous arrivons à l’affaire Esterhazy. Trois ans se sont passés, beaucoup de consciences restent troublées profondément, s’inquiètent, cherchent, finissent par se convaincre de l’innocence de Dreyfus. Je ne ferai pas l’historique des doutes, puis de la conviction de M. Scheurer-Kestner. Mais, pendant qu’il fouillait de son côté, il se passait des faits graves à l’état-major même. Le colonel Sandherr était mort, et le lieutenant-colonel Picquart lui avait succédé comme chef du bureau des renseignements. Et c’est à ce titre, dans l’exercice de ses fonctions, que ce dernier eut un jour entre les mains une lettre-télégramme, adressée au commandant Esterhazy, par un agent d’une puissance étrangère. Son devoir strict était d’ouvrir une enquête.
La certitude est qu’il n’a jamais agi en dehors de la volonté de ses supérieurs. Il soumit donc ses soupçons à ses supérieurs hiérarchiques, le général Gonse, puis le général de Boisdeffre, puis le général Billot, qui avait succédé au général Mercier comme ministre de la Guerre. Le fameux dossier Picquart, dont il a été tant parlé, n’a jamais été que le dossier Billot, j’entends le dossier fait par un subordonné pour son ministre, le dossier qui doit exister encore au ministère de la Guerre. Les recherches durèrent de mai à septembre 1896, et ce qu’il faut affirmer bien haut, c’est que le général Gonse était convaincu de la culpabilité d’Esterhazy, c’est que le général de Boisdeffre et le général Billot ne mettaient pas en doute que le bordereau ne fût de l’écriture d’Esterhazy. L’enquête du lieutenant-colonel Picquart avait abouti à cette constatation certaine. Mais l’émoi était grand, car la condamnation d’Esterhazy entraînait inévitablement la révision du procès Dreyfus; et c’était ce que l’état-major ne voulait à aucun prix. Il dut y avoir là une minute psychologique pleine d’angoisse. Remarquez que le général Billot n’était compromis dans rien, il arrivait tout frais, il pouvait faire la vérité. Il n’osa pas, dans la terreur sans doute de l’opinion publique, certainement aussi dans la crainte de livrer tout l’état-major, le général de Boisdeffre, le général Gonse, sans compter les sous-ordres.
Puis, ce ne fut là qu’une minute de combat entre sa conscience et ce qu’il croyait être l’intérêt militaire. Quand cette minute fut passée, il était déjà trop tard. Il s’était engagé, il était compromis. Et, depuis lors, sa responsabilité n’a fait que grandir, il a pris à sa charge le crime des autres, il est aussi coupable que les autres, il est plus coupable qu’eux, car il a été le maître de faire justice, et il n’a rien fait. Comprenez-vous cela ! Voici un an que le général Billot, que les généraux de Boisdeffre et Gonse savent que Dreyfus est innocent, et ils ont gardé pour eux cette effroyable chose ! Et ces gens-là dorment, et ils ont des femmes et des enfants qu’ils aiment !
Le lieutenant-colonel Picquart avait rempli son devoir d’honnête homme. Il insistait auprès de ses supérieurs, au nom de la justice. Il les suppliait même, il leur disait combien leurs délais étaient impolitiques, devant le terrible orage qui s’amoncelait, qui devait éclater, lorsque la vérité serait connue. Ce fut, plus tard, le langage que M. Scheurer- Kestner tint également au général Billot, l’adjurant par patriotisme de prendre en main l’affaire, de ne pas la laisser s’aggraver, au point de devenir un désastre public. Non! Le crime était commis, l’état-major ne pouvait plus avouer son crime. Et le lieutenant-colonel Picquart fut envoyé en mission, on l’éloigna de plus en plus loin, jusqu’en Tunisie, où l’on voulut même un jour honorer sa bravoure, en le chargeant d’une mission qui l’aurait sûrement fait massacrer, dans les parages où le marquis de Morès a trouvé la mort. Il n’était pas en disgrâce, le général Gonse entretenait avec lui une correspondance amicale. Seulement, il est des secrets qu’il ne fait pas bon d’avoir surpris.
A Paris, la vérité marchait, irrésistible, et l’on sait de quelle façon l’orage attendu éclata. M. Mathieu Dreyfus dénonça le commandant Esterhazy comme le véritable auteur du bordereau, au moment où M. Scheurer-Kestner allait déposer, entre les mains du garde des Sceaux, une demande en révision du procès. Et c’est ici que le commandant Esterhazy paraît. Des témoignages le montrent d’abord affolé, prêt au suicide ou à la fuite. Puis, tout d’un coup, il paye d’audace, il étonne Paris par la violence de son attitude. C’est que du secours lui était venu, il avait reçu une lettre anonyme l’avertissant des menées de ses ennemis, une dame mystérieuse s’était même dérangée de nuit pour lui remettre une pièce volée à l’état-major, qui devait le sauver. Et je ne puis m’empêcher de retrouver là le lieutenant-colonel du Paty de Clam, en reconnaissant les expédients de son imagination fertile. Son œuvre, la culpabilité de Dreyfus, était en péril, et il a voulu sûrement défendre son oeuvre. La révision du procès, mais c’était l’écroulement du roman- feuilleton si extravagant, si tragique, dont le dénouement abominable a lieu à l’île du Diable! C’est ce qu’il ne pouvait permettre.
Dès lors, le duel va avoir lieu entre le lieutenant-colonel Picquart et le lieutenant-colonel du Paty de Clam, l’un le visage découvert, l’autre masqué. on les retrouvera prochainement tous deux devant la justice civile. Au fond, c’est toujours l’état-major qui se défend, qui ne veut pas avouer son crime, dont l’abomination grandit d’heure en heure. On s’est demandé avec stupeur quels étaient les protecteurs du commandant Esterhazy. C’est d’abord, dans l’ombre, le lieutenant-colonel du Paty de Clam qui a tout machiné, qui a tout conduit. Sa main se trahit aux moyens saugrenus. Puis, c’est le général de Boisdeffre, c’est le général Gonse, c’est le général Billot lui-même, qui sont bien obligés de faire acquitter le commandant, puisqu’ils ne peuvent laisser reconnaître l’innocence de Dreyfus, sans que les bureaux de la guerre croulent dans le mépris public. Et le beau résultat de cette situation prodigieuse est que l’honnête homme, là- dedans, le lieutenant-colonel Picquart, qui seul a fait son devoir, va être la victime, celui qu’on bafouera et qu’on punira.
Ô justice, quelle affreuse désespérance serre le cœur ! On va jusqu’à dire que c’est lui le faussaire, qu’il a fabriqué la carte-télégramme pour perdre Esterhazy. Mais, grand Dieu! pourquoi ? dans quel but ? donnez un motif. Est-ce que celui-là aussi est payé par les juifs ? Le joli de l’histoire est qu’il était justement antisémite. Oui ! nous assistons à ce spectacle infâme, des hommes perdus de dettes et de crimes dont on proclame l’innocence, tandis qu’on frappe l’honneur même, un homme à la vie sans tache ! Quand une société en est là, elle tombe en décomposition. Voilà donc, monsieur le Président, l’affaire Esterhazy : un coupable qu’il s’agissait d’innocenter. Depuis bientôt deux mois, nous pouvons suivre heure par heure la belle besogne. J’abrège, car ce n’est ici, en gros, que le résumé de l’histoire dont les brûlantes pages seront un jour écrites tout au long. Et nous avons donc vu le général de Pellieux, puis le commandant Ravary, conduire une enquête scélérate d’où les coquins sortent transfigurés et les honnêtes gens salis. Puis, on a convoqué le conseil de guerre.
Comment a-t-on pu espérer qu’un conseil de guerre déferait ce qu’un conseil de guerre avait fait ? Je ne parle même pas du choix toujours possible des juges. L’idée supérieure de discipline, qui est dans le sang de ces soldats, ne suffit-elle à infirmer leur pouvoir d’équité ? Qui dit discipline dit obéissance. Lorsque le ministre de la Guerre, le grand chef, a établi publiquement, aux acclamations de la représentation nationale, l’autorité de la chose jugée, vous voulez qu’un conseil de guerre lui donne un formel démenti ? Hiérarchiquement, cela est impossible. Le général Billot a suggestionné les juges par sa déclaration, et ils ont jugé comme ils doivent aller au feu, sans raisonner. L’opinion préconçue qu’ils ont apportée sur leur siège, est évidemment celle-ci :
« Dreyfus a été condamné pour crime de trahison par un conseil de guerre, il est donc coupable ; et nous, conseil de guerre, nous ne pouvons le déclarer innocent ; or nous savons que reconnaître la culpabilité d’Esterhazy, ce serait proclamer l’innocence de Dreyfus. » Rien ne pouvait les faire sortir de là. Ils ont rendu une sentence inique, qui à jamais pèsera sur nos conseils de guerre, qui entachera désormais de suspicion tous leurs arrêts. Le premier conseil de guerre a pu être inintelligent, le second est forcément criminel. Son excuse, je le répète, est que le chef suprême avait parlé, déclarant la chose jugée inattaquable, sainte et supérieure aux hommes, de sorte que des inférieurs ne pouvaient dire le contraire. On nous parle de l’honneur de l’armée, on veut que nous l’aimions, la respections.
Ah! certes, oui, l’armée qui se lèverait à la première menace, qui défendrait la terre française, elle est tout le peuple, et nous n’avons pour elle que tendresse et respect. Mais il ne s’agit pas d’elle, dont nous voulons justement la dignité, dans notre besoin de justice. Il s’agit du sabre, le maître qu’on nous donnera demain peut-être. Et baiser dévotement la poignée du sabre, le dieu, non ! Je l’ai démontré d’autre part : l’affaire Dreyfus était l’affaire des bureaux de la guerre, un officier de l’état-major, dénoncé par ses camarades de l’état-major, condamné sous la pression des chefs de l’état-major. Encore une fois, il ne peut revenir innocent sans que tout l’état-major soit coupable. Aussi les bureaux, par tous les moyens imaginables, par des campagnes de presse, par des communications, par des influences, n’ont-ils couvert Esterhazy que pour perdre une seconde fois Dreyfus.
Quel coup de balai le gouvernement républicain devrait donner dans cette jésuitière, ainsi que les appelle le général Billot lui-même ! Où est-il, le ministère vraiment fort et d’un patriotisme sage, qui osera tout y refondre et tout y renouveler ? Que de gens je connais qui, devant une guerre possible, tremblent d’angoisse, en sachant dans quelles mains est la défense nationale ! Et quel nid de basses intrigues, de commérages et de dilapidations, est devenu cet asile sacré, où se décide le sort de la patrie ! On s’épouvante devant le jour terrible que vient d’y jeter l’affaire Dreyfus, ce sacrifice humain d’un malheureux, d’un « sale juif » ! Ah ! tout ce qui s’est agité là de démence et de sottise, des imaginations folles, des pratiques de basse police, des moeurs d’inquisition et de tyrannie, le bon plaisir de quelques galonnés mettant leurs bottes sur la nation, lui rentrant dans la gorge son cri de vérité et de justice, sous le prétexte menteur et sacrilège de la raison d’État ! Et c’est un crime encore que de s’être appuyé sur la presse immonde, que de s’être laissé défendre par toute la fripouille de Paris, de sorte que voilà la fripouille qui triomphe insolemment, dans la défaite du droit et de la simple probité.
C’est un crime d’avoir accusé de troubler la France ceux qui la veulent généreuse, à la tête des nations libres et justes, lorsqu’on ourdit soi-même l’impudent complot d’imposer l’erreur, devant le monde entier. C’est un crime d’égarer l’opinion, d’utiliser pour une besogne de mort cette opinion qu’on a pervertie jusqu’à la faire délirer. C’est un crime d’empoisonner les petits et les humbles, d’exaspérer les passions de réaction et d’intolérance, en s’abritant derrière l’odieux antisémitisme, dont la grande France libérale des droits de l’homme mourra, si elle n’en est pas guérie. C’est un crime que d’exploiter le patriotisme pour des oeuvres de haine, et c’est un crime, enfin, que de faire du sabre le dieu moderne, lorsque toute la science humaine est au travail pour l’oeuvre prochaine de vérité et de justice.
Cette vérité, cette justice, que nous avons si passionnément voulues, quelle détresse à les voir ainsi souffletées, plus méconnues et plus obscurcies! Je me doute de l’écroulement qui doit avoir lieu dans l’âme de M. Scheurer-Kestner, et je crois bien qu’il finira par éprouver un remords, celui de n’avoir pas agi révolutionnairement, le jour de l’interpellation au Sénat, en lâchant tout le paquet, pour tout jeter à bas. Il a été le grand honnête homme, l’homme de sa vie loyale, il a cru que la vérité se suffisait à elle- même, surtout lorsqu’elle lui apparaissait éclatante comme le plein jour. A quoi bon tout bouleverser, puisque bientôt le soleil allait luire? Et c’est de cette sérénité confiante dont il est si cruellement puni. De même pour le lieutenant-colonel Picquart, qui, par un sentiment de haute dignité, n’a pas voulu publier les lettres du général Gonse.
Ces scrupules l’honorent d’autant plus que, pendant qu’il restait respectueux de la discipline, ses supérieurs le faisaient couvrir de boue, instruisaient eux-mêmes son procès, de la façon la plus inattendue et la plus outrageante. Il y a deux victimes, deux braves gens, deux coeurs simples, qui ont laissé faire Dieu, tandis que le diable agissait. Et l’on a même vu, pour le lieutenant-colonel Picquart, cette chose ignoble : un tribunal français, après avoir laissé le rapporteur charger publiquement un témoin, l’accuser de toutes les fautes, a fait le huis clos, lorsque ce témoin a été introduit pour s’expliquer et se défendre. Je dis que ceci est un crime de plus et que ce crime soulèvera la conscience universelle. Décidément, les tribunaux militaires se font une singulière idée de la justice. Telle est donc la simple vérité, monsieur le Président, et elle est effroyable, elle restera pour votre présidence une souillure. Je me doute bien que vous n’avez aucun pouvoir en cette affaire, que vous êtes le prisonnier de la Constitution et de votre entourage. Vous n’en avez pas moins un devoir d’homme, auquel vous songerez, et que vous remplirez.
Ce n’est pas, d’ailleurs, que je désespère le moins du monde du triomphe. Je le répète avec une certitude plus véhémente: la vérité est en marche et rien ne l’arrêtera. C’est d’aujourd’hui seulement que l’affaire commence, puisque aujourd’hui seulement les positions sont nettes: d’une part, les coupables qui ne veulent pas que la lumière se fasse; de l’autre, les justiciers qui donneront leur vie pour qu’elle soit faite. Je l’ai dit ailleurs, et je le répète ici: quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion, que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. on verra bien si l’on ne vient pas de préparer, pour plus tard, le plus retentissant des désastres.
Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure. J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son oeuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.
J’accuse le général Mercier de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus grandes iniquités du siècle.
J’accuse le général Billot d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse- humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver l’état-major compromis.
J’accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s’être rendus complices du même crime, l’un sans doute par passion cléricale, l’autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l’arche sainte, inattaquable.
J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace.
J’accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d’avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue et du jugement.
J’accuse les bureaux de la guerre d’avoir mené dans la presse, particulièrement dans L’Éclair et dans L’Écho de Paris, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute.
J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.
En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c’est volontairement que je m’expose.
Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice.
Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour ! J’attends.
Veuillez agréer, monsieur le Président, l’assurance de mon profond respect.
Émile ZOLA