Plus d'un siècle après le débarquement révolutionnaire d'Anténor Firmin et consorts sur Saint-Marc et les Gonaïves, de nouveaux protagonistes s'élèvent et essaient d'égarer l'opinion publique. Ils ont pris la relève...
Mais à la lumière du temps passé, un mémoire a survécu nos turpitudes incendiaires: celui du gouvernement de Nord Alexis.
Pour un temps, on croyait son gouvernement, à cause de son âge avancé, une doublure. Rien n'était de plus faux et malfaisant dans la portée, c'était de l'incompréhension téléguidée - un mensonge. Toutefois, quand on cherche sérieusement, et sans parti-pris, la vérité parlera et finira par se propager toute seule.
Il parait que l'ancien président, par-dessus tout intelligent, se faisait entourer de jeunes haïtiens dynamiques dans la pensée et progressistes au point de vue d'évolution sociale. Mais, le général Nord Alexis les écoutait, et "ne leur cédait jamais son autorité". Les jeunes étaient pour lui une source d'énergie qu'il fallait employer pour développer le pays.
A l'âge de 33 ans, le jeune Charles Moravia, poète et dramaturge extraordinaire, adressa ces paroles au Général Nord Alexis:
"Moi, qui perdu dans la foule encore inquiète, tremblante presque devant à une chose inouïe qui se faisait dans ce Tribunal, au moment où se trouvaient sur la sellette criminelle des blancs, des étrangers d'importance, les hommes de qui chacun la veille se serait honoré de recevoir un salut, au moment où le grand Procès commençait, je ne pus m'empêcher d'un frisson en remarquant que c'était le 29 Novembre 1904, c'est-à-dire, cent un ans tout juste, et date pour date, après la bataille de Vertières, un siècle après que Rochambeau avait ordonné d'incliner le drapeau Français pour saluer l'héroïsme de Capois-la-Mort, un siècle après la capitulation du Cap!
"Cette fois encore, la France capitulait, et c'était plus grand peut-être que sur le champ de bataille, car la lutte s'était livrée sur le terrain local, et ce n'était pas seulement le drapeau Français qui saluait le Président Nord Alexis, c'était encore celui de l'Allemagne, et ceux de toutes les Puissances, au seuil du siècle nouveau, d'une indépendance que pendant cent ans, on avait pu croire nominale et chimérique.
"Les Nations applaudissaient!
"Les rumeurs s'éteignirent, la haine même et la mauvaise foi se turent, observant leurs aboiements pour plus tard, et ce silence recueilli était le silence que la gloire radieuse aux ailes palpitantes descendait sur un front!
"Et j'ai trouvé qu'aucune autre manifestation n'aurait été meilleure pour commémorer le grand Centenaire, aurait mieux valu pour honorer les dieux endormis dans la gloire, que ce procès qui vengeait un siècle d'humiliations, de vols et de forfaits sans fin, et affirmait solennellement l'Indépendance Haïtienne.
"Ce Procès de la Consolidation est le second jalon de notre Indépendance sur la voie des Ages. Quand dans les temps futurs, un de nos descendants se mettra à étudier l'Histoire Nationale, après s'être incliné devant la grande figure de Dessalines, son second salut sera pour la puissante et originale personnalité du Général Nord Alexis.
"Seul, il a fait la grande chose qu'on croyait impossible; seul, il a fait d'un geste s'évanouir le fantôme obsédant de l'intervention étrangère; c'est pourquoi, comme nous sommes à genoux devant Jean-Jacques Dessalines, nous devons aussi nous incliner bien bas devant son continuateur; c'est pourquoi la gloire doit auréoler à jamais ce front où il semble que toute l'âme des Aïeux vit encore."
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