Eh bien, ce n'était pas un sujet d'actualité, pourtant tous les faits indiquent le contraire. Les principaux chefs de l'insurrection, exilés aux Etats-Unis organisèrent une descente sur la Vallée de l'Artibonite et Saint-Marc. Leur mission tendait à destituer le Président Nord Alexis du pouvoir.
Un reportage exclusif du journaliste-éditeur en chef du journal Le Matin, Clément Magloire, nous décrit les protagonistes:
"C'est au moment où le Général Nord Alexis croyait très sincèrement avoir découragé tous les parti-pris à force de tenace bon vouloir au service du Pays, au moment où, conscient d'avoir accompli, en dépit de tous les obstacles, mille oeuvres de bienfaisance nationale, il se reposait pour entreprendre la guérison, d'autres blessures ouvertes aux flancs de la Nation par une nuée de citoyens dénaturés, affolés de pouvoir et de jouissances, au moment où nous souffrons encore des larges saignées faites au Trésor Public par l'héritage de ruine et de sang que nous laissa la frasque odieuse d'Anténor Firmin aux Gonaïves, à Petit-Goâve, au Limbé et à Saint-Michel, c'est en ce moment que ce même homme n'a pas hésité à reprendre son criminel projet de rallumer la guerre civile dans le Pays, d'envoyer, pour l'unique profit de son ambition de pauvres paysans à la mort, de condamner leurs champs à la dévastation, de rendre les foyers déserts, de plonger dans les larmes et la désolation des mères, des veuves et des orphelins.
"Et voilà, les seuls bénéfices que cet homme, avec toutes ses lumières, veut encore faire échoir à sa Patrie. Certes, le Peuple y trouverait son compte si pour lui les désastres matériels, l'affaiblissement graduel de la nation, l'ajournement du progrès et la mise en péril de la souveraineté nationale pouvaient jamais se compenser par les formules séduisantes dont on va rompre la digue, par le brillant, l'éclat, le vain prestige dont se parera la cause de tous ces maux.
"Anténor Firmin, sur le rocher de St-Thomas où d'autres malheureux pleurèrent et souffrirent par sa faute de la misère, de la faim et de toutes les angoisses, Anténor Firmin que sa fortune acquise dans les charges publiques met à l'abri du besoin, lui Anténor Firmin, ne médita pas sur les désastres qu'il avait commis, sur le dangereux exemple qu'un homme de sa réputation donnait, il se voua à une suite d'intrigues de toutes sortes et son délire aboutit à cette pensée monstrueuse dont aucun Haïtien ne fut jamais effleuré sans en frémir de répugnance et d'horreur: l'appel de l'étranger dans nos affaires intérieures."
A suivre...
Sam LeChiot pour eMagazine
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