dimanche 16 août 2020

Ti Nès, s'en va !

La nouvelle nous tombe dessus comme un coup de massue ce matin. Ernst Jean-Joseph, le meilleur défenseur qu'une équipe Haitienne ait jamais produite, n'est plus. Ti Nès, ancien capitaine de l'équipe nationale, est mort le vendredi 14 août à l'âge de 72 ans, suite d'une crise cardiaque.

Lorsqu'il s'agit de jouer une partie de foot, il était impossible à Ti Nès de refuser. Dans mon quartier, il était coutumier que les championnats débutent avec des gamins pour terminer avec toute l'équipe demi-professionelle du VAC. Cela était arrivé en plusieurs occasions...

En grand stratège, Ti Nès ne jouait pas une seule position sur le terrain de jeu. Cela était tellement vrai que nous avions vu Ti Nès danser tout le temps sur la balle, avant de dribbler copieusement des avant-centres... par moments il quitta sa position de libéro pour marquer des buts sur des coup-francs et corners. À mon humble avis, Ti Nès était autant bon passeur de balle que défenseur. C'était un joueur complet, physiquement imposant et techniquement capable...Après Ti Nès de l'équipe nationale 1974, c'est le vide... (Nono Jean-Baptiste: Meilleur joueur que Bekenbauer champion du monde?)

Le vide ? Non, répondit Carl.

D'une part, il y eut ça et là quelques éclairs de génie de la part de nos équipes.

L'équipe nationale des années 1983-84 a été éliminée en finale par le Mexique. C'était une belle équipe.

D'autre part, celle qui, l'année dernière, avait battu le Canada, faisait l'exception à la règle...elle a été aussi éliminée par le Mexique dans les circonstances que l'on sait. Un impensable pénalité accordé à la dernière minute de jeu, en faveur du Mexique...

Malheureusement, pour nous depuis 1974, aucune équipe Haïtienne est arrivée vainqueur du Mexique en match final de la CONCACAF.

Nous présentons nos sympathies à la famille d'Ernst Jean-Joseph, ses coéquipiers de la sélection nationale 1974 et ceux du Violette en particulier. Tout ce beau monde est en deuil, joueurs et fanatiques se souviennent les moments de gloire de notre football national.

Notons que Carl Brévil demeura un ami proche d'Ernst Jean-Joseph. Lorsqu'on lui pose la question, savoir, quel était son meilleur souvenir de son ami ?

À Carl de répondre en souriant au téléphone qu'il y en avaient plusieurs...

La prestation de toute l'équipe du VAC dans un match final au championnat de quartier mentionné plus haut et un autre match joué au Panama lui viennent à l'esprit.

L'équipe du VAC, en quête d'un libéro, Charles Vorbe, l'un des entraineurs, proposa l'opportunité à Carl Brévil.

Après des séances d'entrainements à Kenscoff par le trio Carl Brévil, Charles Vorbe et Ti Nès, Carl retourna au Violette pour jouer la position de libéro.

Carl joua cette position dans un match au Panama. Après le match, Ti Nès était tellement satisfait de la prestation de son équipe, et sautant de joie, qu'il brisa sa caméra par accident... pour cette raison, il n'existe aucune photo de ce grand moment de jubilation...il arriva un moment dans le match où les spectateurs de l'équipe adverse, applaudissaient les joueurs de l'équipe Haïtienne...il y a de ces moments dont il faudra être présent pour mieux apprécier l'ampleur...

Les photos d'en bas nous viennent des archives de Carl Brévil, ancien joueur du VAC et de la sélection nationale, mettant ainsi quelques points sur les i pour nous...en guise de mémoire à son ami Ti Nès.

L'équipe championne du VAC 1976-77

De droite à gauche:

Joueurs debouts:

Edner Charles, Jean-Marie Jean Baptiste, Carl Brévil,
Ernst Jean-Joseph, Charles Vorbe, Frantz Mathieu .

Joueurs assis:

Jean-Pierre Bayonne, Philippe Vorbe, Rafael Pierre, Montironi,
Bario Nuevo

Entraineur:  Gérald Aigle

Photo des joueurs de la sélection 1974 avec le président Jean-Claude Duvalier

Anecdotes sur Ti Nès et Philippe Vorbe

J'en ai deux dans la mémoire. Le jour où j'obtenais mon visa pour quitter le pays en 1981, je traversais la rue Oswald Durand devant l'Ambassade Américaine, Ti Nès traversait cette rue en même temps que moi. Je l'interpelle, pas en mon nom, mais lui rappelant sa prestation sur le terrain du quartier, et de son ami Carl Brévil. 

-Gwo deblozay te pete nan match sa-a, apre Montironi te finn fè yon gòl tèt. Lòt ekip la te fè koken, gwo batay mete pye, match kraze. 

- Ban m nouvèl Carlo ? Misye se moun pa m wi...

Philippe Vorbe

Quelques joueurs de l'équipe Toup Pou Yo venaient, comme par hasard, jouer au foot sur le terrain de mon quartier. Ordinairement les joueurs sur place engagent quelque soit l'équipe qui se présente sur le terrain pour jouer un match amical.

On fit une fusion des deux équipes, les joueurs de mon quartier choisirent quelques-uns des joueurs de Toup Pou Yo. Cette équipe en avait fait de même. Voilà comment il m'était arrivé de jouer, pendant seulement dix-minutes, en milieu de terrain avec Philippe Vorbe. 

Point culminant du match, sur une passe de Vorbe envers moi, qu'Obas, essaya d'intercepter, j'avais copieusement "fait la toilette" de l'ancien buteur du RCH sur l'aile droite pour centrer la balle en retrait. Il y a de ces dribbles qui humilient et intimident du même coup la victime. En 1981, à 24 ans, ce n'était pas la bonne forme... Il fallait me voir jouer au foot sur ce terrain de jeu à 19 ans...

Après mon impertinence, Philippe Vorbe appela quelqu'un et me fit remplacer...
 
Conseils aux Jeunes

Jouez au football, mais ne laissez jamais tomber vos études. Il est bon de pratiquer le sport, car un vrai sportif n'abandonne pas pendant toute sa vie, les consignes, l'ordre et la discipline qu'il faut pour maintenir une bonne santé.

Il faut toujours penser après le football, parce qu'il y aura beaucoup de risques associés, en jouant au football, qui peuvent avoir des conséquences irréversibles sur votre de qualité vie. Ceux qui pensent de cette façon, préparent l'avenir... Il faut imaginer un plan de sortie... C'est ce qu'ont fait Carl Brévil et Charles Vorbe.

Beaucoup de joueurs peuvent devenir des professionnels de la santé, des avocats, docteurs, ingénieurs, mécaniciens, agriculteurs, plombiers, électriciens...

Pour ma part, en tout cas, j'avais fait la route inverse.

J'ai quitté le foot pour les livres et je n'ai pas eu de regrets d'avoir pris cette décision... la vidéo d'en bas et une photo d'équipe sont ce qui me reste comme souvenir d'avoir été un bon joueur de foot...

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