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Nous remercions les lecteurs de ce blog pour leur
fidélité.
Nous avons dans nos poches toute une gamme d'écrivains
pour vous entretenir... Veritas presents: L'auteur de
Délire sous les tropiques, écrit par un grand auteur
Africain, Pat Epangue.
"Déjà trente cinq jours passés à la capitale et je ne me suis
toujours pas remis du souvenir de l’instant douloureux de la
séparation. Difficile pour ma mère, à ce moment précis, de
dissimuler ses émotions. Un dosage de tristesse, d’inquiétudes et
d’embarras. La pauvre ! Elle ne quitta pas des yeux ce sordide
véhicule, qui avalait l’un après l’autre les pièces de mon mobilier.
Je devine la colère que lui inspirait dans le secret de son cœur, ce
conducteur pressé comme la diarrhée. Entre bouderies et coups
de gueule motivés par son ardeur à liquider cette course qui ne se
faisait pas au pas de course, l’homme me permit de confirmer que
dans sa jeune existence, il n’avait jamais aimé autre chose que le
fric. Un vrai obsédé des espèces sonnantes et trébuchantes !
"Point n’était d’ailleurs besoin de demander à un tel individu si
“l’argent fait le bonheur”. Visiblement, il avait pris le soin
d’inhiber en lui tout autre penchant affectif, comme si l’amour et
tous ses cousins lexicaux n’avaient de l’importance que pour les
autres. La preuve, il resta de marbre devant la mine
d’enterrement quasiment palpable sur le visage de ma mère
depuis quelques minutes. Comment pouvait-elle se morfondre
autant pour un simple déménagement ?
"La question dût titiller pour quelques tierces, la froideur de mon
futur compagnon de route. L’insensible ! C’est vrai que cette
démonstration de chagrin l’exaspérait au fil des secondes, à
mesure que s’aiguisaient ses fantasmes pécuniaires. D’autant que
de son véhicule, il distilla subitement un concert de Klaxons et de
vrombissements de moteur. Comme pour ne pas faire les choses à
moitié, il fit entendre sa voix rocailleuse, qui résonna telle une
mitraillette. La manœuvre fonctionna à merveille, puisqu’elle mit
brusquement fin à l’étreinte somme toute significative que
m’offrait ma mère. Et après une dernière œillade de complicité et
de réconfort, je courus dans le taxi, qui démarra en trombe dans
une gigantesque nuée de fumée nauséeuse. Une fumée dont le
souvenir m’accompagna pendant les trois heures de mon voyage
dans le bus qui me mena à Yaoundé.
"Ma hantise tenait à mon refus d’accepter la triste vérité. Ainsi
donc, je devais vivre à Yaoundé."
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