samedi 28 octobre 2023

J.C DORSAINVIL : A propos de l'Éducation...

Nous reproduisons ici, textuellement ce qu'écrivait J.C DORSAINVIL, l'un des principaux historiens qui proposait d'écrire notre histoire nationale du point de vue des Haïtiens...

"Notre société traverse en ce moment sa période de discussion. Fatiguée des luttes cruelles qui n'ont servi en somme qu'à mettre quelques individualités en lumière, elle s'arrête, hésitante, cherche à démêler par une analyse souvent profonde, les causes qui ont déterminé notre stagnation séculaire. On est souvent réconforté par la lecture de quelques belles pages de livre ou de journal, où l'on découvre une critique assez documentée, un réel besoin d'idées fortes et qui soient surtout le résultat d'une observation précise, rigoureuse des faits. Il y a de cela à peine une dizaine d'années (et nous ne sommews pas le premier à en faire la remarque), - naissait dans le pays un courant littéraire un peu malsain. Un vent d'amère désespérance soufflait sur toutes les productions du moment, et c'est sur la note triste qu'on nous entrouvrit les horizons de notre avenir, éternellement chargés de gros nuages sombres.

"Ceux d'entre-nous, qui conservaient encore quelques rêves d'un optimisme réjouissant, restaient incertains, inquiets devant cet effroi général, ces élans maladifs de l'âme nationale. Sans doute, dira-t-on, cette sorte d'esprits se retrouve dans les meilleures sociétés et leur présence même est toujours le signe d'une civilisation trop raffinée et parfois aussi d'une conception trop élevée de la vie; mais lorsque cette tendance se généralise pour devenir une note dominante, il faut y voir plutôt un état mental plus propre à enrayer l'évolution d'un pays qu'à la favoriser. Heureusement cette inquiétude pessimiste a fait place à un courant de vie plus intense qui, nous l'espérons, s'affirmera davantage, pour aboutir finalement chez nous à un concept plus réel du rôle social de l'homme.

"Un des problèmes qui passionnent le plus les esprits dans notre milieu, est la recherche du meilleur mode d'éducation qui doit nous donner le maximum de résultats utiles pour notre rapide avancement. Les solutions les plus diverses ont été proposées et bien des pages ont été noircies dans ce sens. Cependant au point de vue pratique la question n'a pas marché, parce que souvent le point de départ de nos publicistes est pris dans le vide.

"A suivre de près les différents écrits, on y voit une course échevelée à travers toutes les civilisations et on finit toujours par vouloir nous imposer une admiration enthousiaste pour tel Grand peuple d'Europe ou d'Amérique. A notre humble avis cette méthode n'est pas peut-être la meilleure, parce qu'elle ne tient pas assez compte des conditions formelles de toute véritable science.

"Dans le domaine des sciences positives; définir un objet avec une précision mathématique est la condition la plus heureuse pour ne pas errer à l'aventure. Or si le problème de l'éducation des peuples ne revêt pas les caractères d'une science exacte, on peut pourtant sans hésiter lui faire une place dans le cadre des sciences déductives. Deux conditions sont absolument indispensables pour la constitution d'une science: 

"Un objet général et une méthode rationnelle. Le but ou l'objet de l'éducation est l'épanouissement complet des trois ordres de facultés que l'analyse fait découvrir dans l'homme et sa méthode ne peut-être que l'observation; puisqu'il n'est pas possible de renouveler dans son exactitude rigoureuse, l'expérience faite comme pour la contrôler par son identité même avec l'expérience provoquée.

"Donc strictement l'éducatoin a pour but le perfectionnement intense de toutes les facultés natives d'une race au détriment de tous ses défauts innés. Il découle alors de cette définition la nécessité d'étudier à fond le tempérament de la race; en groupant autour de ce point initial toutes les causes essentielles ou accessoires qui ont contribué à la formation de ce tempérament. En suivant une méthode biologique employée pour l'étude des tempéraments, nous allons par une transposition que nous croyons logique essayer de préciser les conditions qui président à la formation du tempérament social.

"Les influences déterminantes de la constitution du tempérament social sont de plusieurs ordres et peuvent être classées sous les titres suivantes: Ethniques, Hérédo-physiologiques, Historiques, Mésologiques, Accidentelles.

"Le titre de notre étude fait voir dès l'abord, l'importance capitale que nous donnons à la question de race dans le problème de l'éducation. L'unité de l'espèce humaine n'est pas chose discutable et au point de vue strictement physiologique, la fécondation toujours possible entre des individus, différant par certains traits morphologiques suffirait amplement à l'établir. Cependant sous cette unité ethnique, apparaissent des caractères nettement tranchés, qui donnent à chaque groupement secondaire, une physionomie spéciale. En veut-on un exemple, on le trouve dans l'antiquité même. Il est certain que cette grande branche indo-ariane de l'humanité venue des hauts plateaux de l'Orient colonisa toute l'Europe Méridionale. Dans le bassin de la Méditerranée s'élevèrent toute l'histoire des temps antiques. Les Grecs sous leur beau ciel, qui est comme la transition entre le climat tempéré d'Europe et l'ardent climat d'Afrique sentirent en eux vibrer de bonne heures de profonds instincts d'art et de poésie que fait naitre le contact avec une nature vierge et belle. C'est donc sur ce sol qu'à peine ondulaient de splendides collines chargées d'oliviers, de sveltes montagnes ou son aimable imagination plaçait des dieux, que l'hellène se forma au culte de l'art et à l'amour de sa patrie.

"Souvent sur les rivages boisés de leur grêle péninsule, baignée par les ondes amères de l'Archipel et de la mer ionienne, les Grecs s'assemblent, en plein air, pour honorer leurs dieux, aux mâles accents de Sophocle, chantant la justice, célébrant l'amour filial, aux récits épiques d'Hérodote racontant les mystères sacrés de la sombre Egypte.

"Le Romain, au contraire, élevé dans les rudes campagnes du Latin où l'on ne défrichait que les cailloux, au milieu d'un camp retranché n'apprit qu'à honorer les mâles vertus qui font le soldat, la vaillance qui donne la victoire sur les champs de carnages et lorsque plus tard les nécessités de la conquête mirent ce dernier en contact avec les merveilles helléniques, il perdit sa vigueur toute militaire, sans pouvoir jamais s'assimiler complètement la finesse toute artististique du Grec.

"La Grèce vaincue, vainquit ses farouches vainqueurs.

"De nos jours, sous l'appellation générique de race caucasique: trois grands groupes sociaux se partagent l'Europe. Les différences sont si marquées, qu'elles apparaissent même dans les caractères physiques de chacun de ces grands groupes sociaux. Quelle méthode d'éducation pourra jamais en définitive fondre en un tout compact la mentalité slave et la mentalité Anglo-Saxonne? Faut-il jamais espérer voir l'anglais se dépouiller de son flegme séculaire pour prendre la légèreté tout enjouée du Français ou l'Espagnol se départir de sa fierté toute castillanne pour endosser l'allure diplomatique et souvent calculée de l'allemand.

"Sans doute les progrès incessants des sciences ne permettent plus à une Nation de s'isoler, de se retrancher, comme derrière une muraille de Chine et trouver en elle-même les éléments d'activité qu'il faut pour ne point se laisser distancer. Et d'ailleurs les nécessités de la vie internationale sont un obstacle invincible à cet isolement, puisque enfin les grands peuples se sont donné le rôle de gendarmes de la civilisation. Mais à nos yeux, ce qu'un peuple doit conserver intact, c'est le fonds des qualités ethniques qu'il possède; c'est cette matière qu'il doit travailler de façon à se créer une personnalité propre, qu'il développera vers l'épanouissement de toutes ses qualités spécifiques.

"En parlant ici des influences héréditaires et physiologiques sur la constitution du tempérament social, nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons longuement discuté ailleurs. Il est évident que nos staves vivent en nous, et les causes accidentelles qui rompent souvent la chaine de la sélection familiale ne sont pas assez puissantes pour détruire complètement les lois de l'hérédité dans l'individu et dans la race."    Docteur J.C DORSAINVIL

Sam LeChiot pour eMagazine


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