Nos philosophes et nos professeurs de Sciences Sociales sont unanimes; ils affirment que tôt ou tard, on doit arriver à une régénération de l'haitien.
Certains prennent la plume comme le seul élément susceptible de transformer la république. Cela a donné beaucoup de fruits. Le premier essai, la première génération après notre indépendance, a donné naissance à plusieurs journaux comme l'Abeille, l'Eclaireur et Le Télégraphe. C'étaient le temps des journaux politiques, économiques et littéraires.
On a vu apparaitre d'éminents personnages et chefs d'entreprises tels que: Joseph Courtois et Félix Darfour. Dans les premiers journaux de l'époque, on ne parlait que des nouvelles de l'étranger. De la guerre
d'Espagne. De France, on s'habituait à ne parler que des épopées napoléoniennes, de sa déconfiture jusqu'à son exil et sa mort.
Le public y participait. Beaucoup de citoyens écrivirent aux éditeurs pour lui prier de bien vouloir insérer dans son prochain numéro, telle ou telle lettre...
On s'instruisait bien. Toutefois, la régénération par le biais de la plume ne produira que des citoyens chevronnés en littérature...-cette premiere generation, debute en 1802 et finit en 1822-.
Cette première génération fixa toute son attention sur l'antiquité. L'homme cultivé d'alors savait l'histoire romaine. Il s'exprimait en langues tant vivantes que mortes, comme le latin et le grec. L'histoire de la lutte entre les Anciens et les Modernes a été mis en exergue en vue de lui donner quelque pespective sur le tableau de la situation actuelle du monde. On était aussi sobre que sage. On pratiquait des moeurs à l'Européenne, comme la vertu, la charité, et les principes de la bienséance.
L'encre coula à profusion!
Le général Juste Chanlatte s'exprimait en vers sur les colonnes du Télégraphe. Encenseur par excellence, il écrivait des milliers de pages sur la bonhomie d'Alexandre Pétion, de Jean-Pierre Boyer, et fustigeait le Roi Christophe à coups de plumes sur ce journal.
D'un autre côté, le mouvement insurrectionnel qui renversa l'empire de Jean-Jacques 1er. du pouvoir se trouvait dans le double embarras de fonder la république d'Haïti et de lui dicter des lois. Ainsi parurent les premières lois tyranniques dont l'objet essentiel était de fixer les anciens esclaves sur les habitations. Le Code Rural, loi mal-intentionnée, détruira l'agriculture du pays.
Pour s'y faire on embaucha un français aux frais du gouvernement de la république. Et, en violation de la Constitution de 1805, on vit apparaitre l'un des premiers traités de commerce et d'amitié -lire coopération- avec la France.
Il s'ensuivra la plus singulière des choses, cette première génération a été à l'école de Félix DARFOUR.
On ne tue pas la vérité, dit l'autre. Les idées libérales continuèrent après l'exécution du publiciste par le gouvernement de Jean-Pierre Boyer. De la cinquième législature, plus précisément, en 1838 et 1839, réapparurent les idées d'améliorations et d'innovations suggérées depuis 1822 par les représentants du peuple haitien.
Mais, la dictature à vie de Jean-Pierre Boyer n'écoutait pas la voix du peuple. Il s'insurgea contre les membres de l'opposition dans la Chambre des représentants. Il rallia le Sénat et certains Députés dans son camp. Le président fit expulser cinq députés de la Chambre, en violation de la Constitution de 1816. Tel fut le premier coup-d'état du président Boyer.
Ainsi, l'épée est apparue. Elle brisera toutes les règles du jeu. L'époque du maintien du pouvoir par le biais des baïonnettes n'a fait que commencer.
(A suivre...)
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