C'est en bon journaliste que l'auteur de "il était une fois, UNE RADIO, nou balancé n'pa tombé" parcourt les évènements qui nous sont contemporains en Haiti. Toutefois, avec un seul souci : préserver la liberté d'expression, chère aux combats démocratiques de 1986 à travers la culture, mémoire quotidienne. W. Marthone raconte en introduction comment le fameux séisme de 2010, un article du Nouvelliste et l'assassinat de Jean Léopold Dominique l'ont fait sortir de "l'ombre".
Comment les stigmates laissés par la disparition de cette icône de la parole libre et critique qu'est Jean Dominique ont entravé davantage le mieux-être collectif haitien. D'ailleurs, il constate que "nous avons perdu des personnalités irremplaçables dans notre société qui auraient pu nous aider à sortir le pays de ce marasme".
Telle une caméra-vidéo, ce livre explore sans grandiloquence les évènements des années 2000 avec un accent particulier sur les faits caractéristiques du tournant que prend Haiti.
Ainsi, dans "Une Lettre à Dédé", des voeux et conseils sont allègrement formulés à l'endroit du commun des mortels Haitiens, le chapitre éponyme campe la Radio Haiti-Inter comme un modèle de combat - à travers les figures de Jeando, Philo, Liliane, Marvel, etc. dont il faut s'inspirer.
Aussi en profite-t-il pour invectiver les tenants du mal-développement en Haiti. Dans "Haiti et les fauteurs de troubles" (p.98-99), il impute l'échec du suffrage universel à ceux-là qui "veulent toujours exciter les mauvaises ambitions et les anciennes passions". Dans l"Assassinat de l'inspecteur Baggar Saint-Cyr", par exemple, il reconstitue la trame du meurtre à l'aide de clichés successifs en révélant l'impuissance de la police nationale et en réclamant le soutien de la population.
Malgré la part considérable qu'il accorde à Haiti dans "il était une fois...", l'actualité internationale est aussi mise à profit. De "Calais, France : une crise migratoire", en passant par "Mexique: visite du pape François" à l'"Affaire de Charlie Hebdo", les tensions politiques l'interpellent au plus haut point et sont une occasion pour lui de nous inviter à être plus attentifs aux évènements apparemment anecdotiques.
À travers ces 298 pages, "Il était une fois, une radio Nou Balancé n'pa Tombé" nous veut témoins au lieu d'être spectateurs hagards.
Emmanuel Thélusma.
Journaliste, Le Nouvelliste..
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