traditions de la Noel ont subies un déclin très
signifiant en Haiti. Nous nous souvenons
de l'époque oú tous les citoyens haitiens
faisaient en sorte que leurs maisons soient
non seulement bien décorées avec des lumières
de toutes les couleurs, mais surtout qu'elles
soient aussi propres que possible avec une
couche de peinture toute nouvelle.
Cette tradition nous semble à jamais perdue,
et c'est regrettable. Avec les coupures de
courant sans préavis, cette partie de la
culture haitienne est quasi morte. Exception
faite à quelques centres commerciaux de la
place, le reste de la capitale demeure
insensiblement affecté par la saison des
fêtes.
Nous continuons notre observation que dans
les rues de la capitale, l'Etat haitien ne
se soucie pas non plus. Pas de décorations,
lumières, rien du tout, alors que la Noel
approche. On a l'apparence que les enfants
aussi n'auront rien à examiner de visou,
sur tout le territoire haitien. Haiti, est
bien un pays de croyants, catholiques,
protestants, et les églises abondent de gens.
Nous pensons faire un petit tour des églises
pour bien nous renseigner sur ce phénomène
qu'on appelle insouciance, qui tient à envahir
la culture même de ce pays, c'est à dire, les
moeurs et les habitudes.
Eh bien, que se passe-t-il? Qu'est-ce qu'on
a fait de la Noel? Bon, en Haiti, la Noel
est devenue une période de protestations, de
plaintes contre la misère et les préjugés.
Tonton Noel bay toute moune kado, li pa ban
mwen anyen. Noel nan Blakawout san lajan.
Papa Noel ou genlè gen préjijé-wi? C'est ce
qu'on chante pour la Noel.
On a vu des voitures électriques pour
enfants exposés dans les grands magasins. Mais,
ces enfants vont circuler oú? Chez eux
assurément, car nous n'avons que des façons
de trottoirs.
Une seule activité dans la vie nationale
demeure inchangée, 365 jours sur 365, c'est
le sport. Le sport, jusques à quand? Car là
encore, les déceptions subies par notre
équipe nationale ne font que croitre. Et,
malgré ça, pas de protestations, aucune
demande de changements.
Enfin, on a l'impression que les maitres de
nos marionettes n'y ont pas pensé. En tout cas
la Noel est devenue une affaire des gens
aisés. Cette constatation est dure à
comprendre; cela devait être l'un des premiers
indices du dérèglement de nos habitudes.
Nous avons fait fausse route quelque part; tout
ce que nous voulions voir de beau, tout ce qui
était beau à voir autrefois, aujourd'hui tout
cela n'existe plus. Nettoyage, lumières, les jets
d'eau du bi-centenaire, qui dansaient au son
de la musique, le Theatre de verdure, la place
des héros, les pigeons au Champs de Mars.
Autrefois, les trottoirs étaient pour les piétons,
un endroit oú jouaient les enfants, aujourd'hui ce
sont les petits marchands qui s'installent.
On a l'impression que nous payons les gens pour faire
un travail qu'ils refusent de faire. Et si une
personne refuse de travailler, pourquoi la paye-t-on?
La seule chose qu'on connait bien c'est l'heure de passer
au bureau prendre l'argent. (Nous disons bien prendre)
Pour la Noel, nous souhaitons voir un grand changement
ici. La bureaucratie haitienne est elle efficace?
Pourquoi continuons-nous à dépenser autant d'argent
pour un système qui laisse à desirer?
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